Jusqu’ici en France et dans quelques pays qui s’inspirent du modèle français, le système éducatif est altéré par un grave dysfonctionnement : sous la pression de la société les enseignants se sentent obligés, inconsciemment, d’avoir un certain pourcentage de mauvais résultats, une constante macabre en quelque sorte, même dans les classes de très bon niveau, pour que leur évaluation et leur enseignement soient crédibles. Ce dysfonctionnement, mis en exergue par André Antibi, est actuellement reconnu par pratiquement tous les partenaires de notre système éducatif, dans l’enseignement public et dans l’enseignement privé : syndicats et associations d’enseignants, d’élèves, d’étudiants, de parents d’élèves, de chefs d’établissement, d’inspecteurs, de responsables de l’Enseignement privé, collectivités territoriales, mouvements pédagogiques…
L’Appel « pour une évaluation plus juste du travail des élèves et des étudiants » est signé à ce jour par 60 organisations.
Un protocole d’évaluation par contrat de confiance (EPCC) destiné à éradiquer ce phénomène a été expérimenté pendant 3 ans au début des années 2000. Déjà mis en pratique par 50.000 enseignants environ, il est très facile à mettre en œuvre et ne nécessite aucun moyen supplémentaire. Il repose sur le principe de base suivant : responsabilisé par un engagement clair et équitable sur ce qui est attendu de lui, l’élève – ou l’étudiant – est amené à prendre conscience du fait que les efforts qu’il fournit ne sont pas vains.
Le soutien de notre action par le Ministère de l’Éducation Nationale, et par celui de l’Enseignement Supérieur est très encourageant. Cette façon renouvelée d’évaluer les acquis a des effets en retour bénéfiques sur les apprentissages, le travail de l’apprenant et le climat scolaire. Il en est de même d’autres modalités conçues dans le même esprit autour d’un contrat de confiance, notamment le Projet encadré, dont les apports en termes d’autonomie et de créativité ne sont plus à prouver.
Mot du président
L’action du MCLCM, sous l’impulsion d’André Antibi depuis ces vingt dernières années, a mis au devant de la scène la notion de “contrat de confiance”. Elle a ouvert des perspectives bien au-delà de l’évaluation des acquis, au bénéfice d’une nouvelle relation pédagogique dans la classe ainsi qu’avec l’entourage de l’élève.
En cette période où l’on interroge la qualité des acquis dans l’Enseignement scolaire, il est essentiel de miser sur l’apport des évaluations (diagnostique, formative, sommative…) pour réussir les apprentissages. Et pour engager les apprenants vers plus d’autonomie, il peut être stimulant de majorer la part de leurs interactions avec le professeur, mais aussi entre eux, en jouant par exemple sur l’organisation spatiale de la classe et sur les activités en ligne. Cette synergie évaluations/apprentissages est au cœur du Colloque du printemps 2024 et des projets des équipes du MCLCM. Merci à toutes et à tous.
Gérard Lauton.